Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
maelytoto
Archives
21 juillet 2006

Sant Cruz et les missions jésuites

C'est de Sucre, dans les hauts plateaux du centre où je vous écris ce qui s'est perdu hier. Pardonnez ma faute de latin, vous pouvez consulter la correction dans le commentaire de Pierre.

Les jésuites sont depuis Ignasse des voyageurs impressionnants. Ils ont arpenté et christiannisé un immense territoire qui s'étendait sur les actuelles Bolivie, Argentine et Paraguay. Une reduction pouvait rassembler plusieurs miliers d'indiens autour de deux ou trois pères missionnaires.

Ils ont réussi dans les Chiquitañas quelque chose d'unique et de très beau. S'il y a des allemands qui me lisent, je leur conseille la visite pour soigner la connotation négative dont souffre le mot missionnaire dans leur langue. Les indiens ici n'ont jamais été contraints ou opprimés, les conversions ont été spontannées. C'est un exemple rare de rencontre harmonieuse de deux mondes. Il est passé par là des bonshommes extraordinaires, des linguistes, des musiciens et des architectes qui ont developpé une forme de vie nouvelle. Il y notamment un suisse allemand, Martin Schmidt, qui fut le maître d'oeuvre de trois des dix églises des chiquitañas, et qui a réalisé des orchestres rivalisant avec ceux d'Europe. Cette belle histoire a eu une triste fin lorsque le roi d'Espagne, celui du Portugal et la pape ont tracé la ligne au delà de laquelle les jésuites ne devaient plus être car c'était devenu territoire portugais. Les missions ont périclité, beaucoup d'indiens sont morts ou ont été pourchassé par les portuguais pour être revendus comme esclaves. C'est très émouvant de voir une cloche fondue en 1767, année de l'expulsion, ou encore la couronne d'Espagne peinte sur les façades. Nous ne pouvons que vous recommander les nouvelles de Javier Baptista, sj,  "Por orden del Rey", que nous lisons en avant première au coeur de missions. Il sera peut-être un jour possible de lire en français ces vies à moitié imaginées et évoquées avec tendresse.

Santa Cruz, la capitale de l'Orient est une ville qui croît comme un champignon. Elle a reçu 300 000 habitants en trois ans, et en compte aujourd'hui à peu près 1 444 000. La prospérité recente de son agriculture et les gisements gaziers attirent les petits cultivateurs des hauts plateaux. Nous avons vu des champs de canne à sucre ou de tournesol dont la taille surprendrait un paysan beauceron. On découvre ici une nouvelle façon de considèrer le territoire. Les rues se coupent à angles droits et s'étendent à perte de vue sur la plaine. Cela évoquerait en Europe les villages allemands de Prusse, aujourd'hui en Pologne, ou l'idée qu'on se fait d'un camp romain. Les gens arrivent et s'installent sur le bord des routes et des chemins de traverse. Dans une partie du quartier de Plan 3000, la chapelle est un des rares endroits où la population peut se rassembler. Nous avons quitté cette ville pleins de questions sur son avenir, et sur sa position dans la pays.

Nous voudrions dire aussi la bonté la bonté des gens en même temps que leur pauvreté. L'accueil que nous recevons ici partout nous élargit le coeur, alors même qu'on s'y attendait. Nous pouvons consommer des services qui sont démesurés, et sur les abribus de l'Altiplano, on peut lire "dar es mejor que recibir". Nous voyons que la promiscuité que l'occident rejette comme une maladie peut être belle si elle est humaine. Nous ramènerons d'ici un peu de patience.

Publicité
Commentaires
maelytoto
Publicité
Publicité