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maelytoto
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12 juillet 2006

La route de la mort avec un enfant sur les genoux

    Cette route, c'est celle qui va de La Paz à Coroico. On monte d'abord au col de la Ciumbre à plus de 4000 mètres, puis après une heure environ, on passe de l'asphalte à la terre, et la route se rétrécit. En allant vers Coroico, on a la muraille à droite et le vide à gauche. Sur cette partie, on roule à gauche pour se croiser, et ceux qui montent ont priorité.

   Nous avons fait l'aller avec un minibus qui ne payait pas de mine, mais en fait assez puissant et un excellent chauffeur. Avant d'arriver à Coroico on voit la végétation qui change au fur et à mesure qu'on descend. On devine des bananiers et des orangers , ainsi que des fougères géantes couvertes par la poussière de la route. C'est très suprenant aussi de voir des petits enfants noirs qui courent après le bus. Les espagnols voulaient apporter d'Afrique des esclaves aux mines de Potosi. Ceux qui survécurent se retirèrent ici.

      Coroico est une petite ville de 4500 habitants au coeur des Yungas, ces vallées abruptes qui descendent en très peu de distance des Andes en Amazonie. Beaucoup de Paceños y viennent se reposer en villégiature. On a chaud comme en été, la verdure envahit les yeux, les moustiques menacent, et pourtant, en levant la tête, on voit le glacier aplati du Mururata, à plus de 5000 mètres d'altitude. Je me sens un peu au coeur du continent. Le paysage entièrement vertical donne l'impression d'être sur une île. 

En se promenant autour, j'apercois le premier aigle de ma vie. On est en hiver, et pourtant, on voit des hirondelles. Comme on l'avait déjà remarqué à La Paz, le soleil tourne vers la droite, et indique le nord à midi.

  Nous sommes accompagnés depuis La Paz par Juan Pa et une amie à lui. Au moment de se retrouver sur la place centrale qui porte comme d´habitude tout son petit monde commercant (et causant), nous apprenons que tous les bus sont pleins. Nous engageons un chauffeur à revenir nous chercher, en nous mettant à plusieurs. La route dure quatre heures. Nous voyagerons de nuit, mais du bon côté, du côté de la muraille.

   Le bus arrive un peu plus tard que prévu, mais on est bien content de le voir. Il se rempli complètement, avant de partir, le chauffeur exige encore quelques pesos. Une femme est assise derrière nous. En rentrant, elle avait posé un enfant de trois ans sur mes genoux. Elle portait trois sacs d'oranges d'au moins 10 kg chacun, et je remarquai ensuite q'elle avait un nourrisson dans le dos. Comme le chauffeur grognait un peu q'elle transportait deux enfants, je lui proposai de prendre Daniel, le plus grand, avec moi. Et nous voyageâmes ainsi, allongeant l'enfant sur les jambes de Mael et les miennes. Sa mère nous passa une cagoule et une couverture.

     Le chauffeur était naturellement exténué. Il s'est arrêté une fois sur la route en terre, mais le danger le maintenait éveillé. Sur l'asphalte, il se serait endormi complètement, si Marianna et Juan Pa ne l'avaient pas surveillé d'aussi près en lui parlant, eux mêmes se maintenant éveillés en machant des feuilles de Coca. De la coca justement, il y en avait sur le toit au point de rajouter un étage. En arrivant à La Paz, les voyageurs ont déchargé le bus comme une seule famille. La mère de Daniel répètait "Gracias", avec un ton que je n'avais encore jamais entendu. Elle a plongé les bras dans un de ses sacs et en a ressorti autant de mandarines que ses mains pouvaient en porter.

C'était un Toyota Hiace.

Antoine, pour Mael y Toto

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Commentaires
A
On aimerait bien que tu viennes nous reposer cette question quand on rentrera, cher Diamant du Qi, en attendant on te souhaite une bonne fête nationale si tu es un compatriote.<br /> <br /> Antoine
L
avez vous l'impression d'être plus disponibles, dans un tel pays que chez vous en France, pour les rencontres humaines essentielles ?
maelytoto
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